J’ai perdu beaucoup de sens, des litres de sens
Mise en bouche du misanthrope moi qui suis né Crevard
J’te crache mes mollards au bon fiel d’acariâtre
Bienvenue dans mon Parc Asthénique
Glissons déments sur mes toboggans obliques
Dans les tranchées de l’absurde les sources de ma Raison sont asséchées
Elles ne font plus rouler les pierres des évidences
Et je me vide de mon sens, des litres de sens
Il s’est répandu sur les vacheries entendues
Les sprints à la croissance et la folie des plus-values
Qu’une tempête de silence emporte tous les bruits, tous les mitards
Toutes les efficiences bâties par les mouchards
Toutes les impatiences puériles des gros boulards
Que les humains s’entretuent jusqu’au dernier s’ils en ont envie
Pour leurs dieux qu’ils trahissent
Leur orgueil qu’ils bénissent
Et les plages de fric qu’ils chérissent
Pour les idéaux travestis, les destructions enjouées
Les vidéos moisies, les diffamations partagées
Pour les arrogances louvoyant aux portes de la mauvaise foi
Pour les drogués du boulot, aplatis dans les lasagnes du devoir
Les servages continués dans la hiérarchie
Process de dominance au service des nantis
Pour la Finance, qui se drape de vertu pour mieux s’vêtir de profit
Aux idiomes idiots monétisant tout d’la vie
Qui nous rapprochent de Dickens alors qu’s’éloigne deux mille vingt
Et dont je voudrais faire des champs lexicaux des charniers mexicains
Pour les fatigues, les morsures, les colères
Les films de merde ou bien ceux de guerre
Super zéros planant sur les masses enfantes
Course avilie des principes moulés dans la fonte
Baudets bodybuildés addicts à la performance
Robots badauds sautillant sur les trampolines du permafrost
Pour les idées reçues d’on ne sait qui
Les clichés pris on ne sait où
Les dictons dictés des paresses de l’esprit
Et les grimaces tordues d’une fake new
Pour les cloisons de l’égo tâchées des récompenses du narcissisme
Les grincements puants des nostalgies du fascisme
Qui font du mot Nation un déchet rempli d’agressions
Purulences rances d’une pure France qui décorent de flèches leurs fantasmes d’expulsions
Chevaliers perdus s’prenant pour Thor
Accoudés au PMU, ambiance Albator
« Puissance sans conscience n’est que ruine de l’âme »
J’sais plus qui a dit ça mais j’mens tape
Je suis l’rageux des infrabasses
Et mes couilles si j’parodie Alcofribas
Puisse-t-il griller lui aussi
Avec toutes les tentatives, toutes les passions et toutes les philosophies
Qu’elles soient toutes cramées dans mon brasero de soifs démunies
Moi qui suis né Crevard
J’suis pas taillé pour la bagarre alors j’te pose mes renards
J’ai perdu tant de sens, des litres de sens
Chuis du groupe Pas Plus
Transfusé sceptique sur les septicémies des Crésus
Leurs bobards bleus giclant sur nos miroirs
Leurs croisières grisées balançant dans l’amer les oubliés du dernier coup d’rasoir
Qui s’entêtent à créer d’la dette sur papier en-tête
Costumant nos soucis de leurs comptages de recettes
J’aurai voulu vous faire rire
Au Slam normalement tu respires
Mais là non désolé j’étouffe
J’rêve d’un truc qui fait « pouf » / Ça s’rait « Ouf »
Besoin de rien, envie de vide, rester lucide
Sauver sa planète commence peut-être par le suicide
À quoi bon baiser, engendrer, éduquer si tout d’avance est truqué ?
Les permanences de l’inégalité sont loin d’être fermées
7 jours sur 7 la main invisible d’Adam Smith étranglera toujours les mal-nés
Injustices qui s’immiscent aux cœurs des naissances
Désastres du cadastre délimitant les malheurs
Nuanciers d’la violence qui donnent à l’enfance ses couleurs
Et les dégoûts salés de la soupe au piston
Voir le jour dans une Porsche ou bien grandir piéton
À quoi sert un droit universel si les moyens d’le défendre se morcellent ?
J’aurai voulu vous donner de la joie mais là j’vois tout noir
J’vis à contrecœur et on s’en contrecarre
J’ai froid / Je le sens, je perds trop de sens
Il s’est coagulé sur les plaies de l’intolérance
Ces bouchées à la haine qui font faire des fausses routes
Borgnes plaines que les aveugles broutent
Vallées de massacres que les censeurs traversent
Moi je suis né Crevard
Et je fume un pétard en attendant l’inverse
Zlatko Gamic
Zlatko est avec plusieurs autres personnes, à l’origine du groupe SMS / Slam Message Service, collectif de rédaction de poésies enregistrées à l’oral, et enrichies de musiques et d’un univers visuel qui lui est propre.
Le lien de leurs productions, dans le lien ci-dessous.
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