Ce n’est pas là où le soleil

Ecrase l’Homme et la Terre

Jusqu’à venir troubler le sommeil

Des défunts enfouis sous les pierres


Pas là où la poussière

Tournoie autour de l’olivier

Où les barques et les navires errent

Sur une mer presque sans marées


Ce n’est pas là non plus

Où les géants de roc dressent leurs pics

Où les sapins se hérissent

En noires forêts comme les piques

D’un régiment de mercenaires suisses


C’est là où la terre finit

Au bout de l’Ancien Monde

Là où l’océan charrie

Le chant lancinant des flots qui grondent

Fluent, refluent sur le sable

Là où sans cesse se fracassent

Les griffes d’écume cherchant leurs traces

Sur le granit imperturbable


Là où le soleil couchant

Résonne tel un glas

Là où l’on croyait jadis que l’Océan

Marquait les portes de l’au-delà


Le lieu, les lieux

Où les nuages remplissent l’air

De ce côté-ci de l’ouest

L’endroit de la dernière frontière

Avant que les eaux seules restent


Là où au nord « fado » veut dire

« Il y a longtemps »

Lorsque le conte se déplie

Tandis qu’au sud ce mot soupire

Une tenace mélancolie


Là où au mitan le vent charrie

La voix des marins morts

Et qu’à chaque porte, la nuit

Frappent les âmes sans tombe du dehors


Là où le vent des mois noirs

An avel du

Vous dévore l’esprit dès le soir

Quand la déraison reprend son dû

An avel fall

Le vent mauvais

An avel dall

Le vent aveugle à ce qui se sait


C’est là où dans un chemin creux

Le chêne tordu montre sa hure

Ses branches se font membres noueux

Et son tronc devient une figure


Là où teintent les essieux rouillés

D’une charrette, et ce bruit sourd

Guide les spectres cavaliers

Au fond d’un val sans retour


C’est là où dorment les ancêtres

Là où la fantasmagorie se révèle

Et où soudain elle envoie paître

Ce que vous nommez le réel


C’est là où le vent, la pluie

Me font une seconde peau

C’est un lieu dont j’ai peur

Et que pourtant je chéris

Entre la terre et l’eau


Loin des vérités qui sont les vôtres

C’est là où des légendes se fabriquent

C’est là, entre ce monde et l’autre

Que naît ma mélancolie atlantique


Grog


Nous voyageons grâce aux mots de Grog en finis terrae, là où s’arrête la Terre, pour laisser place à l’Océan.

Grog coanime des scènes slam de l’association L’Astre en Moi à Poitiers. Il est graphiste et illustrateur, en plus d’être un slameur de talent. Vous trouverez ci-dessous un lien vers un panel de ses univers artistiques. Bonne découverte !

Facebook
Facebook
LinkedIn
LinkedIn
Share

2 réponses

  1. Nady dit :

    Une jolie mélancolie pour finir cette semaine ! 👏👏 il est aussi doué en slam qu’en dessin ! Merci pour la découverte de cet artiste aux multiples casquettes !

  2. RéSolutions dit :

    Bravo et merci à Grog pour ce beau texte. Parmi ses nombreux talents, Grog pourrait penser à mettre son texte en vidéo en l’illustrant des paysages et de l’atmosphère qu’il nous décrit de cette si jolie façon. Un grand merci et bravo pour la qualité et la diversité des textes mis en avant chaque semaine par AmSlamFlam.

Laisser un commentaire

Social media & sharing icons powered by UltimatelySocial