Ça siffle là-haut sur la colline.

Ils attendent dans leur tapisseries d’églantines

Les fleurs qu’ils ont cueillies ont fané

Et la voilà bientôt arrivée…


Al zaï zaï zaï

Al zaï zaï zaï

Al zaï zaï zaï

Al zaï zaï meurt


Dans toute leur tête le fil de leur pensée s’enfuit,

S’emmêlant incessamment dans le précipice de l’oubli

Les mots défilent en filets minces

Et s’amincissent au fil des jours


Comme un lavage qui suit son cours

Emportés par un lent torrent

Déterre les âges successivement

Et les détache de leurs amours


Et dépoussière toutes les accroches

Au monde, au temps, et à ses proches

Déleste pour un long voyage

De l’amour que pèse un visage


Élime les liens

Dans les repères

Dans la pensée

le vide opère


Laissant nos vieux, nos pères, nos mères

Dans la bobine qu’ils rembobinent

Comme turbine en leur babines

Babillant des bribes sans fond

Des sons restant de leur raison

Baratinant des braves rengaines

Pour se berner contre les peines


Loin des cris révoltés des leurs

Et des sens perdus de leurs pleurs

Aspirés hors réalité

Tout une vie à rejouer


Un film inverse accéléré

Dont on ne voit plus les couleurs


Car il défile pour effacer

Et se blanchit au fil des heures


Lavant l’esprit, lavant le corps,

De ce qui pesait trop encore

S’allège l’âme, avant qu’elle parte

Soufflant les tourments aux adieux


S’éteind les flammes de son âtre

Depuis l’étincelle de ses yeux

Épure son être à l’essentiel

Au faible éclat de ses prunelles


Ils ne pensent ni ne sont

Comme tous nos artifices nous font

Leur fugue orchestrée dans le cœur

Sifflote un chant de fossoyeur


Un air

Sans paroles

Ils respirent

Sans plus dire


Existentiellement dépouillés

Chancelle leur regard étonné

Affublé d’un corps étranger

Duquel ils ont tout oublié


En dernière s’ harnache l’émotion

Orpheline de son expression

Mais tant qu’elle mouvoit l’âme creuse

Il est possible qu’elle soit heureuse


Grâce aux rideaux de leur déni

Évitent de voir la tragédie

Pour pleinement jouer la comédie

De l’histoire qu’on leur dit folie


Affolés par nos propres peurs

Tandis qu’ils partent en particules

Et qu’ils récurrent leur dernière heure

Des traces d’eux sur leur pellicule


Et quand enfin il n’y a plus rien

Que la peau froide d’une vieille main

Le cœur pleure comme il peut sourire

L’aïeul au loin qu’il voit partir


Libre enfin de se souvenir

De qui de lui se souvenait

Même s’il a appris à son tour

A aimer l’Un sans nul retour


Juste nos films et nos photos

D’une mémoire qui tient encore

Avant de siffler tout en haut

De la colline où on s’endort


Al zaï zaï zaï

Al zaï zaï zaï

Al zaï zaï zaï

Al zaï zeihmer.


Yuna S. Tourmen

Portrait reprise directement de son autrice :

Je veux ton cœur mon canard,

Je veux unir nos destinées

T’offrir en enregistrement

Mes intestins en plaidoyer

Je ne résiste à t’allécher

Jusqu’au tapis rouge avaler

Cannes y baliserait ma pensée

De toutes ces tripes projetées

Mieux vaut, les enregistrer

Ris pas. Vaut mieux sauter le pas.

Et me conduire sur la blanquette arrière pour Paris.

Ça le vaut. Sale veau, crois-moi !

C’tait qu’un début, ton sang afflux, agite ta mûe, très cher-e ami-e.

Que gîgotent tes cornichons de doigts jusqu’à voter pour moi…

Moi ?

Oh. Moi c’est Yuna.

Slameuse nantaise.

Un peu de civisme, pardon mon lapin.

Civetise-moi bien.

J’ai la langue affamée, qu’il me faut délier, en sauce,

en soupe ou en studio, selon ce que tu veux goûter.

Merci mon lapinou, c’est pour préserver tes belles oreilles avec du son de qualité,

plus digeste que mes enregistrements au smartphone…

Merci à Am Slam Flam pour toute cette généreuse orga,

et merci à toi, mon sale ami, ma chair et tendre, pour ton soutien.

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