Il nous faut un menu raffiné, et accessible auprès du Grand Public.

N’oublions pas les ravages financiers de la dernière politique économique.

Peu de choix, mais de l’opulence, flatter l’ego des portefeuilles qui dégueulent de biftons.

Les plus pauvres, on s’en fout, c’est pour les friqués que nous cuisinerons.


Je suggère des entrées aussi saines que notre civilisation,

De beaux poissons bien gras, comme le capitalisme sublimé au radon.

Tartare d’Emmanuel Maquereau, à la sauce mégalo,

Accompagnés d’un lit de bons avocats, faut qu’il puisse être défendu, qu’il ne termine pas à l’échafaud.

Du thon rouge, supplément plastique, parfumé aux hydrocarbures,

Ne contribuons pas à la famine endémique, bourrons-les de nature et d’air pur !


En plat de résistance, un assortiment de quelques viandes noires,

Cramoisies comme les ours blancs en pleine marée noire,

Cuisson au napalm, aux UV ou au gaz de shit,

Avec un plat comme ça, personne ne craindra la gastro-entérite.

En accompagnement, une pointe de légèreté,

Faut garder les clients jusqu’au bout, pas qu’ils arrivent trop vite à satiété.

Mousseline de nicotine fumante, en option joint de marie-jeanne,

Tu vois, même avec de la barbaque, on peut penser vegan.

La touche bionique à ce plat sain, issu de nos racines ?

Un bon kevlar d’aubergines, concentré d’affronts entre France du terroir et celle qui se maintient à la cocaïne.

Avec un petit black-chich glissé à la commande,

On pourrait même y ajouter justement un peu de coke, en guise d’offrande.


Le plateau de fromages doit porter une belle image, fleurie, parfumée, avec un profond sens du partage,

Image de la France paysanne, respectueuse de la nature, soucieuse du bien-être animal,

Animal au centre de la production laitière, dont les anabolisants constituent l’essentiel du breuvage.

Doublé de prés de lithium et d’éoliennes en intraveineuses, l’exploitation laitière ne sera jamais mise à poil.


Côté desserts, ils doivent relever de l’apothéose.

Omelette norvégienne, explosion de chaud et de froid, tout pareil qu’à Tchernobyl.

C’était avant, que c’était morose,

Depuis, ça a boosté le commerce des Thermodactyl !

Plus exotique à la carte, le millefeuille brésilien, à base de feuilles issues de la forêt amazonienne.

C’est bien connu, cette forêt est surpeuplée, on va contribuer à sa déforestation,

On a déjà bouffé les ressources naturelles des Cévennes,

Maintenant on va faire fonctionner le marché de l’importation…


Hey ! stop !

Attention à ne pas tout accepter.

Gardons l’œil ouvert, la critique bien affûtée.

Les petits travers hier bien cautionnés,

Sont devenus aujourd’hui une amère réalité.

Amère comme l’orange de nos tenues de prisonniers

De cette prison fédérale dans le quartier de haute sécurité.

Cette prison mentale dans laquelle on s’est enfermés

Tout seuls, comme des grands, tellement avides de consommation qu’on en a même bouffé la clé.

Tant qu’il est encore temps, ces travers, il faut les contester,

Avant qu’ils deviennent impossibles à surmonter.

Vivons ensemble, en parfaite harmonie,

Respectons notre planète, avant qu’elle devienne trop aigrie,

À se venger à coups de séismes, de tornades et de tsunamis,

Parce qu’on la prend pour la poubelle de notre galaxie.

Composons notre menu de vie, mais gardons à l’esprit,

Que toute mauvaise semence est une véritable ortie,

Quand elle s’implante, elle prolifère à l’infini,

Et pour l’arrêter, bonne chance, le roundup bientôt sera interdit.


Phoennyx – Février 2020

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